J'avais fait le déplacement jusqu'à Londres le mois dernier pour les voir, le temps d'une demi-heure de concert. Ca vous semble peut-être un peu fou, mais j'aime tellement peu de groupes de maintenant que même pour 20 mn j'aurais été je crois (OK pour 5 mn je sais pas...). On s'était fait virer assez vite après la fin de cette soirée, mais j'avais eu le temps d'attraper Kate, la voix du groupe, en sortant des toilettes (enfin c'était moi qui sortait des toilettes...) et elle m'avait ensuite demandé mon adresse mail afin de m'envoyer un 45-tours live enregistré à Bristol. J'avais un peu la honte parce que mon mail porte à peu près le nom d'une de ses chansons du début, she smiled mandarine like. Je pense que ça a du lui sembler louche aussi vu qu'ils ne sont pas vraiment...enfin des vedettes quoi. Leur dernier concert à Paris en 98 sur la péniche 6/8 avait fait très exactement, hum...45 entrées payantes (je m'en souviens bien, c'était moi qui vendais les tickets à l'entrée) mais je suis resté fan depuis ce soir-là précisément.

Pour moi ils sont l'essentiel de ce que l'on peut accomplir en musique aujourd'hui, sinon une proposition de l'essentiel. D'abord s'ils y ont pensé un moment, ils ont désormais clairement renoncé à faire de l'argent avec leurs chansons. Il n'y a qu'à voir comment ils proposent sur leur site d'envoyer des pochettes gratuitement à ceux qui en auraient une défectueuse, provenant du 1er tirage du nouvel album. Je trouve ça assez fou quand même, c'est comme s'ils avaient accepté le fait de perdre de l'argent exprès en plus. Donc en gros ils font comme ils en ont envie, vont à la plage pour enregistrer leurs morceaux. Y'a une mouette qui chante dans le fond ? C'est pas grave, on la laisse dessus, elle a bien le droit de vivre aussi. Tout est arrangé de façon à garder un maximum de place à la spontanéité et à l'improvisation, et si à un moment ça sonne "mal enregistré" ce ne sera jamais dans une quelconque optique misérabiliste comme chez les blaireaux de l'antifolk, ça restera toujours au service de l'émotion.

A l'heure du quatrième album, on retrouve encore cette orchestration majoritairement acoustique (moins hypnotique que sur Day and night, leur classique de 97), arpèges de guitare sur contrebasse, cuivres tristes et voix crépusculaires, évoquant une Astrud Gilberto des années 00. Ici, point de post-rock, mais de la belle musique.

Spécial bisous à Prune et Aphro.