Beaucoup de mauvais esprit en ce moment. De ma part. Sais pas trop d'où ça peut venir mais j'ai jamais autant eu autant l'impression d'être...snob et hautain. Ou alors je ne réalise qu'aujourd'hui, bêtement. Non je suis pas comme ça, je crois pas, moi je suis juste un peu bête et paresseux. Un peu snob et tout aussi, mais pas à ce point là. C'est au boulot que je sens ça, je n'ai vraiment aucune envie de parler de mon boulot ici, mais juste ceci : on s'est encore plaint - comme d'ordinaire - de mon attitude après mon arrivée, puis je me suis remis à faire semblant d'être sérieux, et maintenant on me congratule de nouveau. Je crois pas que je me ferai de nouveaux copains ici non plus. Je n'aborderai plus ce sujet, surtout qu'il y en a encore pour un an et demi de mission, et ça saoulerait tout le monde pour rien du tout.
J'ai des trous de mémoire, je ne me rappelle plus trop de ce qui s'est passé avant...samedi dernier. Pourtant ça commencerait comme ça : j'attends dans une espèce de froid infernal, un type s'excite à nettoyer le parvis en rond dans sa voiturette-balai en chassant tous les touristes - plusieurs fois -, une jeune fille de Sarajevo me demande des sous - en anglais -, et quand celle que j'attends arrive, je suis déjà tout mort de froid. Ensuite, c'est une rangée lumineuse dans un café, face au trottoir (et face aussi au café où j'avais vu rentrer se soulager Jacques Rivette, en sortant d'un film avec Katharine Hepburn - Holiday, je crois bien). Il y a un serveur à moustaches, des couples frigorifiés qui passent dans la rue, un Irish Coffee dégueulasse, des mains qui s'égarent discrètement, un chien qui nous chasse de l'endroit ; mais de toute façon on n'en pouvait plus. Et après, un trou noir - et je me souviens absolument de tout.
J'ai passé quelques soirées de cette semaine derrière l'accueil dans un théâtre, le Zèbre de Belleville, pour aider Gégé. Je faisais des haltes au pub entre ça et le boulot quand même, pour pas avoir l'impression de travailler tout le temps. La grande lesbienne blonde était là les deux soirs - même qu'elle faisait tout un manège à remonter, puis redescendre sa jupe sans arrêt, et ça en prenant des poses très explicitement sexuelles sur le siège d'à côté. Bon, maintenant je comprends mieux les gens qui se posent des questions en nous observant de loin mais, entre nous, je crois qu'elle me trouve débile elle. Je préfère qu'on me trouve effrayant plutôt que débile. La fille qui expose des trucs et qui a les yeux qui partent de travers et le type qui me rappelle mon copain de l'armée avec qui je m'étais fâché parce qu'il ne voulait jamais sortir et surtout parce qu'il avait annulé au tout dernier moment une opération de transportage de ma guitare électrique et de mon ampli de Gégé vers chez moi...euh voulais-je quoi dire déjà ? Oui, donc ces deux-là jouaient au billard avec moi, me permettant au passage de snober la blonde, à qui je n'avais d'ailleurs rien à dire en fait, vu que la saison de tennis est apparemment terminée. En plus, j'aime pas trop le tennis.
Sinon, le premier soir le Ténia m'avait vu arriver devant la salle, puis ouvert la porte de service, j'avais même pas eu le temps de dire bonjour à tout le monde que la soirée était déjà commencée. La suite, c'est que le spectacle en lui-même fut assez tendu, et je n'ai pas vraiment eu ma dose d'émotion - malgré le fait qu'en revenant après vers la bouche de métro avec Jean-Luc, ce dernier ait insulté trois filles du public (dont celle qui joue chouchou ou loulou je sais plus dans le truc télé débile) qui avaient fait les connes pendant sa prestation, et étaient sorties de la salle outrées, en déclarant qu'elles avaient été "dégoûtées" par la première partie, et qu'elles "n'arrivaient plus à rentrer dedans". Donc, à la fin sur le trottoir, ça a donné ça : "- Ah voilà la première partie ! - OUAIS C'EST MOI JE T'EMM*** GR***E P*TE !!!". Charmant. J'ai bien tracé sans me retourner, mais ça m'a fait rire quand même. Isabelle Nanty, pour sa part, a bien aimé le concert (...de Jean-Luc chais pas, mais l'autre oui). Le deuxième soir je tenais la caisse, et j'ai du faire rentrer à peu près autant d'argent que trois fois le fond de caisse, mais les concerts furent très magnifiques tous les deux, bien qu'un peu courts - mais c'est toujours trop court quand c'est bien. J'ai bien aimé aussi le moment où Joseph est arrivé et, quand Aline lui a demandé son nom pour la liste d'invités, et qu'il a déclamé, majestueusement : "...Racaille" (à propos, le Ukulélé Club de Paris se produit la semaine prochaine à la Java, le 14 et le 15, courez-y donc de ma part). Mélanie Bauer m'a fait un bisou de derrière mon comptoir, Fabienne Pralon était là aussi, et j'ai donné un cd à Michèle Atlani, que j'aimais bien, que j'avais vue dans ce troquet miniscule à la Bastille (Ailleurs) et qui me dit-on, ne chanterait plus aujourd'hui - ce qui est triste. Aussi, je lui avais réservé un tout petit boulot à côté de moi, à ma, mon - bref - ce soir là, mais elle n'avait pas pu venir. Alors je te l'embrasse, ici pour la peine.